Les séries longues par Franck B.

Publié le par -Antoine-

 

 

""C'est encore moi. J'ai internet depuis peu et je m'aperçois que l'on peut discuter sur ce site avec les gens qui font le "monde du muscle". C'est cool. Ca fait des années que je m'entraîne en lisant Texier ainsi que Ghibellini et MDG. Je m'entraîne seul et je lis beaucoup. Je débute dans les forums et je ne sais pas si on peut mettre des très long messages. Bref, je tente ! Donc on parle de série longue et aussi de l'aspect mental dans le body et ça m'intéresse. Il y a quelque temps j'ai recopié un extrait d'un bouquin de Robbins à mon frère et je lui ai donné un exemple personnel pour illustrer ce qui était dit. C'était la séance la plus longue que j'ai faite en squat et même si c'était léger c'était surement la plus dure. Je la décris en détail pour parler de l'importance du mental et je pense que ça illustre bien ce qui a été dit plus haut :

Les objectifs à long terme sont très utiles, indispensables, mais il est important de savoir que pour les atteindre il faut les fractionner, les morceler en objectifs à court terme, parfois même à très court terme. Voici un exemple pour illustrer cette idée. En janvier 1998, j’ai fait 365 répétitions au squat avec 55 kilos sur le dos en une seule série. Cela représente 20 075 kg soulevés en 27 minutes et demi. Ce n’est pas une performance extraordinaire pour certains mais c’est une performance personnelle, quelque chose qu’il m’a été très difficile d’atteindre par rapport à mes possibilités. Pour pouvoir réaliser cela, ce qui s’est passé dans ma tête a été primordiale. Avant de commencer, je m’étais fixé de faire mes vingt tonnes en deux séries dont la première avec environ 300 réps. L’objectif était avant tout de diminuer le temps pour réaliser les vingt tonnes. A ma dernière séance, deux semaines plus tôt, j’avais fait 28 minutes et demi avec deux séries et j’avais été au bout de moi-même.

Cette séance où j’allais essayer de faire mieux me faisait donc peur. Je ne m’étais pas fixé pour objectif de ne faire qu’une seule série (ce qui aurait été un bon moyen de gagner du temps) car cela me semblait totalement irréalisable et j’aurais entamé ma première série avec un énorme doute dans la tête ce qui m’aurait conduit tout droit ver l’échec et l’abandon de la série (j’en avais déjà fait l’expérience dans d’autres séances). J’ai donc posé la barre sur mon dos et je me suis mis à m’accroupir et à remonter en gardant les yeux fixés sur un chronomètre, j’essayais de rester bien au dessus des vingt réps par minutes. En commençant, je n’avais plus 300 réps comme objectifs, je voulais d’abord savoir comment je serais au bout de 50. A 50 j’étais très mal, j’ai donc poussé jusqu’à 75 pour voir et une fois à 75, je n’étais pas mieux mais je me sentais quand même la force d’essayer d’atteindre 100. Une fois à 100 réps je me sentais un peu mieux, la température de mon corps avait bien monté et donc l’énergie circulait mieux d’où une sensation de fatigue moins importante au niveau mental (j’avais plus envie de me battre).
Arrivé à ce stade, ça commence à ressembler à un exercice d’équilibriste. Si l’on joue au funambule et qu’on essaie de tenir l’équilibre sur une planche très étroite à une certaine hauteur, on parvient à garder l’équilibre tant que l’on est bien concentré. Mais il suffit de penser que l’on va peut-être tomber à droite ou à gauche pour que l’on tombe dans la seconde qui suit. Une simple pensée suffit à nous faire tomber. Au bout de 100 réps je me trouvais dans un état similaire. Mes cuisses brûlaient, mon bas du dos commençait lui aussi à fatiguer, la barre n’arrêtais pas de glisser sur le haut de mon dos et je devais la remonter assez souvent ce qui fatiguait mes épaules ; le corps commencait à être tellement fatigué que le simple fait de penser que je n’atteindrais pas mon but aurait suffit à me forcer à abandonner dans les réps qui suivent.

A partir de là, les objectifs que je me fixe deviennent encore plus importants ils doivent me permettent de continuer et non me forcer à abandonner. Je ne dois surtout pas penser que j’essaie d’atteindre 300 ou qu’il m’en reste encore 200 à faire car cela serait fatal. Je ne me suis donc fixé que des objectifs à très court terme que je pouvais digérer mentalement : 114, 125, 130, 140, 150…, et ainsi de suite jusqu’à 305 qui était mon record. J’avais rempli mon contrat en terme de réps mais je n’étais pas certain d’être en avance au niveau du chronomètre. Arrivé à ce niveau, non seulement mes cuisses, mon bas du dos et mes épaules étaient épuisées mais en plus mes mollets brûlaient également ce qui me posaient des problèmes pour bien assurer mon équilibre. D’autre part, mes mains et mes avant-bras, à force de rester en arrière à tenir la barre commençaient à s’engourdir de plus en plus. Ce n’est pas évident de tenir une barre qui paraît de plus en plus lourde du fait de l’épuisement avec des mains qu’on ne sent presque plus. Malgré ça, j’allais un peu mieux dans ma tête car j’étais au niveau de mon record de réps et je savais qu’à partir de maintenant toutes les réps que je ferais en plus seraient des réps que je n’aurais pas à faire dans la deuxième série.

J’ai donc choisi de continuer en allant de 5 réps en 5 réps. Ce n’est qu’une fois arrivé à 350 réps que j’ai pu accepter mentalement l’idée d’essayer d’aller à 365. Et, bien que tout près du but, je n’étais absolument pas certain d’y arriver, chaque réps étaient un challenge car mes cuisses étaient au bord de la crampe à chaque remontée et j’avais très peur de lâcher la barre sans m’en apercevoir à cause de mes mains engourdies. Il faut préciser que je n’étais pas dans une salle de sport mais dans ma chambre. Il y avait la télé et la chaîne stéréo devant moi et le canapé derrière, je ne pouvais donc pas me permettre de m’écrouler ou de laisser tomber la barre, j’aurais tout cassé ou défoncé le parquet et cela ajoutait à mon inquiétude. Arrivé à 365, je me suis assis sur le canapé qui était derrière moi et je me suis dégagé de dessous la barre ; mes bras étant presque entièrement engourdis, je ne pouvais pas pousser la barre au-dessus de ma tête et la reposer par terre devant moi comme j’avais l’habitude de le faire.

J’avais atteint et même dépassé mon objectif. Cela montre que, même lorsque l’on fait quelque chose de très physique, il y a énormément de choses qui se passent dans la tête et elles sont très importantes. Lorsque l’on veut imiter quelqu’un, il ne faut pas omettre cela. Il faut savoir quelles sont les pensées qui accompagnent les actes physiques. Cela montre aussi et surtout l’importance des objectifs à court terme. Il faut faire un pas à la fois. Si, arrivé à 50 réps j’avais pensé aux 250 autres que je cherchais à faire, je n’aurais peut-être même pas atteint les 100 réps. J’aurais eu les ressources physiques de le faire mais ma stratégie mentale ne m’aurait pas permis d’y avoir accès.""

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